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ont l’audace de paraître encore aujourd’hui, avec ceux d’une époque peu estimée, et particulièrement méprisée par eux et par tous les philosophes post-kantiens : la période éclectique immédiatement antérieure à Kant, on trouvera que les représentants de celle-ci continuent à être par rapport à ceux-là ce que l’or est non au cuivre, mais au fumier.

pIi ! pil~~i°~~Dans les livres de Feder’, de Platner2 et autres, on rencontre en effet une riche provision d’idées réelles et en partie vraies, même remarquables, d’observations frappantes, une discussion sincère de problèmes philosophiques, une incitation à la pensée personnelle, un guide pour philosopher, et avant tout une manière de faire honnête. Dans les produits de l’école hégélienne, au contraire, on cherche en vain une idée réelle quelconque : il n’y en a pas ; une trace quelconque de méditation sérieuse et sincère : celle-ci lui est étrangère. On ne trouve que des accouplements audacieux de mots qui paraissent avoir un sens, voire un sens profond, mais qui, après un léger examen, apparaissent comme un verbiage et un entassement de paroles absolument dénuées de sens et vides d’idées ; l’écrivain s’en sert non pour instruire son lecteur, mais simplement pour le duper ; il faut que celui-ci s’imagine avoir devant lui un

1. Professeur à Goettingue, dont les deux principaux ouvrages sont : Recherche sur la volonté humaine et Principes de la (-onri aisstiti cc de la volonté humaine et des lois naturelles du cli-nit ( 1740-182 1 ). (N.d.T.)

2. Auteur de l’Anthropologie pour les médecins et les philosophes et des Aphorismes philosophiques (17741818). (N.a.T.)

penseur, tandis qu’il a devant lui un homme qui ignore absolument ce que c’est que penser, un bousilleur sans aucune idée et sans le moindre savoir. La raison de ce fait, c’est que tandis que d’autres sophistes, charlatans et obscurantistes