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jwau et perruque, que des singes ramassent et (lunt ils s’affublent. Que la mise à l’écart de la philosophie ~crieuse, profonde et sincère de Kant, par les hâbleries de simples sophistes poursuivant des fins personnelles, ait exercé l’influence la plus fâcheuse sur la culture de l’époque, il n’y a pas lieu d’en douter. Avant tout, l’éloge d’un homme aussi dénué de valeur et aussi dangereux que Hegel, qu’on vient nous donner comme le premier philosophe de ce temps-ci et de tous les temps, a été certainement, pendant les trente dernières années, la cause de l’entière dégradation de la philosophie et, par conséquent, du déclin de la haute littérature en général. Malheur à l’époque où, en philosophie, l’effronterie et l’absurdité se substituent à la réflexion et à l’intelligence ! car les fruits prennent le goût du sol sur lequel ils ont mûri. Ce qui est prôné hautement, publiquement, en tout lieu, est lu, et constitue en conséquence la nourriture intellectuelle de la génération qui se forme ; cette nourriture a l’influence la plus décidée sur la substance de cette dernière, et ensuite sur ses productions. Par suite, la philosophie régnante d’une époque détermine son esprit. Donc, si la philosophie du non-sens absolu domine, si desabsurdités sans fondement et exposées en un langage d’aliénés passent pour de grandes idées, cet ensemencement produit la belle génération sans esprit, sans amour de la vérité, sans sincérité, sans goût, sans élan pour rien de noble, pour rien qui s’élève au-dessus des intérêts