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est que celle-ci construit le temple de l’erreur, que de bons cer-veaux et des âmes honnetes s’efforcent ensuite de démolir, en y employant parfois leur vie entiere. Et que sera-ce donc en philosophie, dans la science la plus générale, la plus importante et la plus difficile ! Si l’on en veut des preuves particulieres, il suffit d’évoquer le répugnant exemple de l’hégélianisme, cette arrogante soi-

peuvent aller les choses sur le terrain ou il ne suffit pas, a l’instar des autres sciences, d’une bonne tete aidée d’application et de persistance, mais ou il faut des dispositions toutes spéciales, (le nature meme a contrarier le bonheur person-nel ? La sincérité d’effort la plus désintéressée, l’aspiration irrésistible a expliquer l’existence, la sérieuse profondeur d’esprit qui s’efforce de pénétrer dans l’intimité des etres, et l’enthou-siasme réel pour la vérité, telles sont les pre-mieres et indispensables conditions pour oser se présenter de nouveau devant l’antique sphinx, en essayant une fois de plus de résoudre son énigme éternelle, au risque d’aller rejoindre tous ceux (lui nous ont précédés dans le sombre abîme de l’oubli.

Et, maintenant, dans ces conditions, comment


disant philosophie qui a remplacé la pensée et la recherche personnelles réfléchies et sinceres par la méthode de l’automatisme dialectique des idées, c’est-a-dire par un automatisme objectif qui fait de son propre mouvement ses cabrioles en l’air, ou dans l’empyrée ; et ses traces, ves-tiges ou ichnolites sont les écritures de Hegel et de ses disciples, c’est-a-dire une élucubration surgie sous des fronts tres