Page:Schopenhauer - Philosophie et philosophes (éd. Alcan), 1907.djvu/84

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’esprit et l’intelligence. Ils forment tous, contre ceux-ci, une alliance fidele et nombreuse. A moins qu’on ne soit assez na^f pour croire qu’ils n’attendent que la mani-festation d’une supériorité pour la reconnaître, l’honorer et la proclamer, en consentant ensuite a descendre eux-memes a rien ! Tous mes compli-ments ! Mais je réponds : Tantum quisque lau-dat, quantum se posse sperat imitari. « Il ne doit y avoir au monde que des bousilleurs, rien que des bousilleurs, afin que, nous aussi, nous soyons quelque chose ! » C’est la leur mot d’ordre, et leur instinct les pousse aussi naturel-lement a supprimer les gens capables que le chat a prendre les souris. Rappelons-nous la belle maxime de Chamfort citée a la fin d’un des cha-pitres de cet ouvrage’. Révélons donc une bonne fois le secret public, exposons le monstre a la lumiere du jour, quelque effet étrange qu’il puisse y produire : en tout temps et partout, dans toutes les conditions et dans toutes les circons-tances, la médiocrité et la sottise ne ha^ssent rien si profondément et avec tant d’acharnement au monde que l’intelligence, l’esprit, le talent. Qu’en ceci elles restent toujours fideles a elles-memes, elles le montrent dans toutes les spheres, toutes les circonstances et tous les rapports de la vie, en s’efforçant partout de supprimer, d’extir-per et d’anéantir ceux-ci, pour subsister tout seuls. Nulle bonté, nulle douceur ne peuvent les réconcilier avec la supériorité de la force intel-lectuelle. Il en est ainsi, cela ne changera pas et durera toujours. Et quelle terrible majorité la médiocrité et la sottise ont de leur côté ! C’est la un obstacle fondamental aux progres de l’huma-nité en tout genre.

I. « En ex jiminant la ligne (les sots contre les gens d’esprit, on croirait voir une cun-jw-atiun de valets pour écarter les maîtres. »

Un autre dommage causé a toutes les sciences par l’ingérence des incapables, c’