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comme volonté et comme représentation|Monde comme volonté et comme représentation]], chap. XVII: Sur le besoin métaphysique de l’humanité.

(2) « Si Kant a pu vivre pour la philosophie et d’elle, il le doit à une circonstance bien rare, qui ne s’est reproduite qu’une fois depuis les Antonins et les Juliens :il y avait alors un philosophe sur le trône (Frédéric II). C’est uniquement sous de tels auspices que la Critique de la raison pure pouvait voir le jour. Mais à peine le roi est-il mort, qu’aussitôt nous voyons Kant saisi de peur, car il appartenait à la confrérie. Dans la deuxième édition, il modifie son chef-d’œuvre, il le mutile, il le gâte, et, en fin de compte, il est menacé de perdre sa place. »

Le privat-docent Fischer, de Heidelberg, a eu en 1853 le même sort : on lui retira son jus legendi, parce qu’il enseignait le panthéisme. Le mot d’ordre est donc :

Mange ton pudding, esclave, et présente la mythologie juive en guise de philosophie ! Le plaisant de la chose, c’est que ces gens-là se disent philosophes, me jugent en cette qualité, et vont même jusqu’à prendre des airs de supériorité à mon égard ; n’ont-ils pas, pendant quarante ans, dédaigné d’abaisser leurs yeux sur moi, me regardant comme indigne de leur attention ! L’État d’ailleurs doit aussi protéger les siens, et il devrait édicter une loi défendant de se moquer des professeurs de philosophie.