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un homme qui critique de haut, avec un air de supériorité consciente, tous les philosophes existants, il ne doute pas d’avoir frappé à la bonne porte, et il s’imprègne de toute la sagesse qui jaillit ici, aussi crédulement que s’il se trouvait devant le trépied de la pythie. Naturellement, il n’y a plus pour lui, à partir de ce moment, d’autre philosophie que celle de son professeur. Les véritables philosophes, les éducateurs des siècles, même de dix siècles, qui attendent silencieusement et sérieusement sur les rayons des bibliothèques les visiteurs en quête d’eux, il ne les lit pas, vu qu’ils ont vieilli et qu’on les a réfutés ; à l’instar de son professeur, il les a « derrière lui ». En revanche, il achète les enfants intellectuels de son maître qui font leur apparition dans les foires, et dont les éditions multipliées ne peuvent s’expliquer que par ce fait. Même après avoir quitté l’Université, chacun conserve en règle générale un attachement crédule pour son professeur, dont il a de bonne heure adopté la tendance d’esprit et avec la manière duquel il s’est fami