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PENSÉES ET FRAGMENTS
DOULEURS DU MONDE
I. — La douleur seule est positive. — Tourments de l’existence. — Le néant préférable à la vie. — L’objet de la philosophie n’est pas de consoler. — Optimisme de Leibnitz, insoutenable. — Péché originel. — Le monde, un lieu de pénitence 
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II. — Désillusions. — Vaines promesses de bonheur. — Douleurs sans trêve et sans repos, métamorphoses de la souffrance: la misère et l’ennui. — La vie est un spectacle tragi-comique, sous le règne du hasard et de l’erreur. — L’enfer du Dante et l’enfer du monde. — Dernier but et dernier naufrage 
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L’AMOUR
I. — MÉTAPHYSIQUE DE L’AMOUR.
L’amour, sujet jusqu’alors réservé aux romanciers et aux poètes. Insuffisance des philosophes qui en ont traité. Il faut l’étudier dans la vie réelle.
Son rôle, son importance, intérêt universel qu’il inspire.
Tout amour vulgaire ou éthéré a sa source dans l’instinct sexuel. Son but est la procréation d’un certain enfant déterminé : il fixe ainsi la génération future.
La nature de l’instinct est d’agir dans l’intérêt de l’espèce aux dépens de l’individu. L’instinct abuse l’être égoïste d’une illusion décevante pour arriver à ses fins. Il guide, dans l’amour, le choix de l’homme et de la femme vers les qualités physiques et morales les plus propres à assurer la reproduction, le maintien ou le redressement du type intégral de l’espèce, sans aucun égard pour le bonheur des personnes.