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d’eux tout ce qui leur est nécessaire et tout ce qu’elles désirent. L’homme au fond n’exige de la femme qu’une seule chose. Les femmes doivent donc s’arranger de telle manière que les hommes ne puissent obtenir d’elles cette chose unique qu’en échange du soin qu’ils s’engagent à prendre d’elles et des enfants futurs : de cet arrangement dépend le bonheur de toutes les femmes. Pour l’obtenir, il est indispensable quelles se soutiennent et fassent preuve d’esprit de corps. Aussi marchent-elles comme une seule femme et en rangs serrés vis-à-vis de l’armée des hommes, qui, grâce à la prédominance physique et intellectuelle, possèdent tous les biens terrestres ; voilà l’ennemi commun qu’il s’agit de vaincre et de conquérir, afin d’arriver par cette victoire à posséder les biens de la terre. La première maxime de l’honneur féminin a donc été qu’il faut refuser impitoyablement à l’homme tout commerce illégitime, afin de le contraindre au mariage comme à une sorte de capitulation ; seul moyen de pourvoir toute la gent féminine. Pour atteindre ce résultat, la maxime précédente doit être rigoureusement respectée ; toutes les femmes avec un véritable esprit de corps veillent à son exécution. Une jeune fille qui a failli s’est rendue coupable de trahison envers tout son sexe, car si cette action se généralisait, l’intérêt commun serait compromis ; on la chasse de la communauté, on la couvre de honte ; elle se trouve ainsi avoir perdu son honneur. Toute femme doit la fuir comme une pestiférée. Un même sort attend la femme adultère parce qu’elle a manqué à l’un des termes de la capitulation consentie par le mari. Son exemple serait de nature à