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prudent d’en faire usage avec elle. — De ce défaut fondamental et de ses conséquences naissent la fausseté, l’infidélité, la trahison, l’ingratitude, etc. Les femmes aussi se parjurent en justice bien plus fréquemment que les hommes, et ce serait une question de savoir si on doit les admettre à prêter serment. — Il arrive de temps en temps que des dames, à qui rien ne manque, sont surprises dans les magasins en flagrant délit de vol.

Les hommes jeunes, beaux, robustes, sont destinés par la nature à propager l’espèce humaine, afin que celle-ci ne dégénère pas. Telle est la ferme volonté que la nature exprime par les passions des femmes. C’est assurément de toutes les lois la plus ancienne et la plus puissante. Malheur donc aux intérêts et aux droits qui lui font obstacle. Ils seront, le moment venu, quoiqu’il arrive, impitoyablement écrasés. Car la morale secrète, inavouée et même inconsciente, mais innée des femmes, est celle-ci : « Nous sommes fondées en droit à tromper ceux qui s’imaginent qu’ils peuvent, en pourvoyant économiquement à notre subsistance, confisquer à leur profit les droits de l’espèce. C’est à nous qu’ont été confiés, c’est sur nous que reposent la constitution et le salut de l’espèce, la création de la génération future ; c’est à nous d’y travailler en toute conscience. » Mais les femmes ne s’intéressent nullement à ce principe supérieur in abstracto, elles le comprennent seulement in concreto, et n’ont, quand l’occasion s’en présente, d’autre manière de l’exprimer que leur manière d’agir ; et sur ce sujet leur conscience les laisse bien plus en repos qu’on ne pourrait le croire, car dans le fond le