en tout ce qui touche à l’équité, à la droiture et à la scrupuleuse probité. À cause de la faiblesse de leur raison, tout ce qui est présent, visible et immédiat, exerce sur elles un empire contre lequel ne sauraient prévaloir ni les abstractions, ni les maximes établies, ni les résolutions énergiques, ni aucune considération du passé ou de l’avenir, de ce qui est éloigné ou absent . Elles ont de la vertu les qualités premières et principales, mais les secondaires et les accessoires leur font défaut… Aussi l’injustice est-elle le défaut capital des natures féminines. Cela vient du peu de bon sens et de réflexion que nous avons signalé, et ce qui aggrave encore ce défaut, c’est que la nature, en leur refusant la force, leur a donné, pour protéger leur faiblesse, la ruse en partage ; de là leur fourberie instinctive et leur invincible penchant au mensonge. Le lion a ses dents et ses griffes ; l’éléphant, le sanglier ont leurs défenses, le taureau a ses cornes, la sèche a son encre, qui lui sert à brouiller l’eau autour d’elle ; la nature n’a donné à la femme pour se défendre et se protéger que la dissi mulation ; cette faculté supplée à la force que l’homme puise dans la vigueur de ses membres et dans sa raison. La dissimulation est innée chez la femme, chez la plus fine, comme chez la plus sotte. Il lui est aussi naturel d’en user en toute occasion qu’à un animal attaqué de se défendre aussitôt avec ses armes naturelles ; et en agissant ainsi, elle a jusqu’à un certain point conscience de ses droits : ce qui fait qu’il est presque impossible de rencontrer une femme absolument véridique et sincère. Et c’est justement pour cela qu’elle pénètre si aisément la dissimulation d’autrui et qu’il n’est pas
Page:Schopenhauer - Pensées et Fragments, 1900, trad. Bourdeau.djvu/138
Cette page a été validée par deux contributeurs.