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MÉTAPHYSIQUE ET ESTHÉTIQUE

édit. Wagner, t. I, p. 224). Ces derniers mots concordent merveilleusenieiil avec l’alfirnialion du Koural : « Les gens viilgMires ont l’apparence d’hommes ; je n’ai jamais rien vu qui ressemble plus qu’eiix à ceux-là^ » Pour répondre aux besoins d’un entretien divertissant et pour combler le vide de la solitude, je recommande au contraire les chiens, dont les qualités morales et intellectuelles vous apporteront presque toujours joie et satisfaction.

En attendant, il faut nous garder en tout d’être injustes. De même que souvent l’intelligence et parfois aussi la sottise de mon chien ont provoqué mon étonnement, j’ai éprouvé le même sentiment à l’égard de l’espèce humaine. Des milliers de fois son incapacité,

hommes, et entre ceux qui sont faits à l’image et à la ressemblance de ceux-ci ! »

. Voir le Koural de Tirouvallouver, traduit par Graul, p. 140. (Schop.)

Le Koural, mot sanscrit qui signifie morale, est le poème le plus populaire du Su<l de l’Inde. Un des plus modernes parmi les ouvrages philosophiques de cette contrée, il résume les doctrines et les principes les plus purs de la religion nationale et les règles de conduite applicables aux diverses circonstances et conditions de la vie. C’est un « traité des devoirs » qui est pour les Indous ce qu’est pour les catholiques occidentaux llmilation de Jésus-Christ, nous dit E. Lamairesse, qui a donné en lb67 une traduction française de ce curieux livre. (Le trad.)

Si l’on Songe à l’étroite concordance de l’idée, et même de l’expression, chez des peuples si éloignés les uns des autres par l’espace et par le teuips, on ne peut mettre en doute que cette idée et cette expression ne soient sorties de l’objet même. Pour ma p rt, je u’ét tis certainement pas sous l’influence des pas-âges cites, dont l’un n’était pas encore imprimé et dont l’auire n’avait pas repasse sous mes yeux depuis douze ans, quand l’idée me vint, voilà une vingtaine d’années, de me commander une tabatière dont le couvercle, autant que possible en mosaïque, devait représenter deux beaux gros marrons, avec une feuille indiquant que c’étaient des marrons d’Inde. Ce symbole était destiné à me rappeler à chaque moment l’idée mentionnée ici.