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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

l’affirmation de la réalité du phénomène. Et à son tour cette condition suppose qu’on s’était placé au point de vue du spiritualisme, au lieu de se placer à celui de l’idéalisme. D’après la doctrine spiritualiste le point de départ, que rien ne justifiait, c’était, en effet, que l’homme est un composé de deux substances tout à fait diverses, une substance matérielle, le corps, et une substance immatérielle, ce qu’on appelle l’âme. Après la séparation, réalisée par la mort, de ces deux substances, la dernière, quoique immatérielle, simple et inétendue, doit cependant encore exister dans l’espace, à savoir se mouvoir, aller de-ci et de-là, agir du dehors sur les corps, donc sur les sens comme le ferait un corps, et conséquemment aussi se présenter comme un corps ; toutes choses qui supposent, à la vérité, comme condition la même présence réelle dans l’espace que celle dont jouit le corps que nous voyons. Contre cette conception spiritualiste, tout à fait intenable, des apparitions d’esprits valent toutes les objections que la raison permet de faire de ce point de vue et aussi l’éclaircissement critique que Kant donne de la chose, et qui fait la première partie ou la partie théorique de ses rêves d’un voyant : Traüme eines Geistersehers erlaütert durch Traüme der Meta-