Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
245
ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

Landammann suisse qui, entrant dans la bibliothèque publique, vit son prédécesseur présidant solennellement, assis dans le fauteuil de la présidence, une assemblée de conseillers tous notoirement défunts. De quelques récits de cette sorte il résulte même que, pour donner lieu à ces visions, il n’est nullement nécessaire qu’il y ait la circonstance objective de l’existence d’un squelette ou de tout autre reste d’un cadavre, mais qu’il suffit pour cela de quelque chose ayant été en contact avec le défunt. Ainsi, par exemple, sur les sept histoires de cette sorte, que nous trouvons rapportées dans le livre ci-dessus mentionné de Wenzel, il y en a six où c’est le cadavre qui joue ce rôle de circonstance déterminante, mais une où c’est simplement la robe toujours portée par le défunt, qui, enfermée aussitôt après sa mort et mise au jour quelques semaines après, provoque son apparition corporelle aux regards de la veuve désolée de cela. Il se pourrait ainsi que des traces plus légères encore, à peine perceptibles à nos sens, comme par exemple des gouttes de sang bues depuis longtemps dans le sol, ou peut-être le simple local, entouré de murs, où quelqu’un en proie à l’angoisse et au désespoir, a subi une