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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

rêve, alors que toutes les forces de l’esprit sont agissantes, la mémoire seule ne soit pas tout à fait disponible. C’est ce qui fait la ressemblance du rêve avec la folie, laquelle, comme je l’ai démontré (Welt als W. und V., t. I, § 36 et t. II, chap. xxxii) se ramène essentiellement à une désorganisation de la puissance du souvenir. De ce point de vue le rêve se laisse par suite désigner comme une folie passagère, la folie comme un long rêve. En somme on a, dans le rêve, la vision parfaite et même minutieuse de la réalité présente ; et au contraire le champ de vision se trouve là borné à une sphère très limitée, dans la mesure où ce qui est absent et ce qui est passé, même ce qui est imaginé, ne vient que peu à la conscience. De même que tout changement dans le monde réel ne peut se produire qu’en conséquence d’un autre qui le précède, c’est-à-dire de sa cause : de même l’apparition dans notre conscience de toute pensée et de toute représentation est soumise d’une manière générale au principe de raison suffisante. Toute pensée et toute représentation doit donc toujours être provoquée soit par une impression extérieure sur nos sens, ou bien encore, d’après les lois de l’association (voir là-dessus le chap. xiv du second tome