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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

Tous les objets du rêve paraissent clairs et déterminés comme la réalité elle-même, non seulement par rapport à nous, donc d’une façon superficielle et restreinte, ou seulement en gros et dans leurs traits essentiels ; mais dans leurs détails précis jusqu’aux particularités les plus insignifiantes et les plus accidentelles et aux circonstances accessoires perturbatrices ou contraires : là tout corps a son ombre, tout corps tombe avec une lourdeur correspondante à son poids spécifique, tout obstacle doit être surmonté comme dans la réalité. Le caractère tout à fait objectif du rêve se montre ensuite en ce que les événements qui s’y déroulent la plupart du temps se produisent contre notre attente, souvent contre nos désirs, provoquant parfois notre étonnement ; en ce que les personnes agissantes se comportent vis-à-vis de nous avec un sans-gêne révoltant. Ce caractère se montre d’une manière générale dans l’objectivité, dans l’exactitude dramatique des caractères et des actions qui a donné lieu à l’aimable remarque que tout homme, quand il rêve, est un Shakespeare. Or, la même plénitude de science qui est en nous, qui fait qu’en rêve tout corps naturel agit exactement d’une manière conforme à ses qualités essentielles ; cette pléni-