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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

doit pas l’être. C’est là une distinction difficile, qui exige une connaissance réelle, un savoir philosophique et physiologique. Il s’agit en effet de comprendre qu’une action comme analogue à celle d’un corps ne suppose pas nécessairement la présence d’un corps.

Il faut, avant tout, nous rappeler ici et avoir présent à l’esprit, dans tout ce qui va suivre, ce que j’ai démontré plusieurs fois tout au long (en particulier dans la 2e édit.) de mon Mémoire sur le principe de raison suffisante, § 21, et en outre sur la vision et les couleurs, § 1 — Theoria Colorum, II. — Welt als W. und V., t. 1, p. 12–14 (3e édit., p. 13–14, t. II, chap. 2) — que notre vision du monde extérieur n’est pas simplement sensuelle, mais qu’elle est surtout intellectuelle, c’est-à-dire (pour parler objectivement) cérébrale. Les Sens ne donnent jamais qu’une simple sensation dans leur organe, donc une matière très pauvre en soi, avec laquelle la raison, avant tout par l’emploi de la loi, dont elle a conscience a priori, de la causalité, et des formes, également a priori et innées en elles, de l’espace et du temps, édifie ce monde des corps. À l’état de veille et à l’état normal, le point de départ de cet acte d’intuition c’est