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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

ou plutôt c’est un acte individualisé de cette volonté, et la réponse suffisante ne peut aussi être qu’un certain développement du monde non un autre, se réalisant par les faits qu’il faut. Comme maintenant les résultats de ma philosophie, qui est une philosophie sérieuse (qui ne ressemble en rien à la philosophie des professeurs, une philosophie de farceurs), comme les résultats de ma philosophie nous ont appris à reconnaître que le dernier but de l’existence terrestre est de détourner la volonté de vouloir vivre, il nous faut admettre que chacun est conduit peu à peu à ce but de la manière qui convient à son individualité, donc même souvent par de lointains détours. Comme ensuite le bonheur et la jouissance travaillent proprement contre ce but, nous voyons en conséquence que le cours de la vie de tout homme a immanquablement sa part de malheur et de souffrance, une part plus ou moins grande suivant les individus, et seulement en des cas bien rares dépassant toute mesure, comme dans les fins tragiques, où il semble que la volonté doive être jusqu’à un certain point violemment poussée au dégoût de la vie, et comme si l’opération césarienne lui était nécessaire pour cette seconde naissance.