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LE DESTIN DE L’INDIVIDU

rêve cet être Un : un rêve, mais un rêve de telle sorte que tous ses personnages le rêvent avec lui. De là ceci, que tout est dans tout, que tout s’ajuste à tout. Veut-on aller, maintenant, plus loin ? Admet-on ce double enchaînement de tous les faits par lequel tout être, d’abord existe pour soi-même, se démène, agit et va sa voie nécessairement, d’une manière conforme à sa nature, et d’autre part, en même temps, doit servir à l’intelligence d’un autre être, doit agir sur lui et est lui-même déterminé et approprié en vue de cela, tout comme le sont les images de leurs rêves ? — Si, dis-je, on admet cela, il faudra donc l’étendre à toute la nature, donc aussi aux animaux et aux êtres privés de connaissance. Mais c’est alors qu’on commence à entrevoir la possibilité des omina, praesagia et portenta, puisque ce qui, dans le train ordinaire de la nature, arrive nécessairement, peut s’envisager d’autre part comme quelque chose qui n’est pour moi qu’une simple image, un certain arrangement du rêve qu’est ma vie, ne se produisant et n’existant que par rapport à moi ou encore comme un simple reflet et un écho de ma propre action et de ma vie. Après cela donc le naturel d’un fait, sa nécessité perçue avec la connaissance de ses causes n’excluent aucunement son