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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

il est vrai, en ceci que le fatum est aveugle, tandis que les deux autres sont conçues comme douées de la faculté de voir ; mais cette distinction anthropomorphique tombe et perd toute signification quand on se place au point de vue de cette essence intime et métaphysique des choses, dans laquelle seule nous avons à chercher la racine de cette unité inexplicable du hasard et du nécessaire, qui semble présider secrètement à la conduite de toutes les choses humaines.

L’idée d’un génie assistant tout homme et présidant au cours de sa vie, doit-être d’origine étrusque mais a été cependant généralement répandue chez les anciens. L’essentiel de cette croyance se trouve contenu dans un vers de Ménandre que Plutarque (De tranquil. an. c. xv, et aussi Stob. Ecl. livre I, c. vi, § 4 et Clem. Alex. Strom. livre V. c. xiv), nous a conservé :

Άπαντι δαιμων ανδρι συμπαραστατει
Ευθυς γενομενω, μυσταγωγος του βιου
Αγαθος.

(Hominem unumquemque, simul in lucem editus est, sectatur Genius, qui vitæ auspicium facit, bonus nimirum.) Platon, à la fin de la République, explique comment chaque âme, avant de renaître une fois de plus, se