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le monde comme volonté et comme représentation

jective donc que médiatement et secondairement ; car ce système n’est qu’un organe auxiliaire, un appareil transmettant à la volonté les impulsions tantôt internes, tantôt externes, à la suite desquelles elle doit prendre une décision en conformité avec ses fins : les impulsions internes sont reçues, sous forme de simples excitations, par le système nerveux plastique, c’est-à-dire par le grand sympathique, ce cerebrum abdominale, et la volonté réagit ensuite sur place, sans que le cerveau ait conscience de cette action ; les impulsions externes sont reçues, sous forme de motifs, par le cerveau, et la volonté réagit par des actes conscients et dirigés au dehors. Le système nerveux tout entier constitue donc en quelque sorte les antennes de la volonté, qu’elle pousse au dedans et au dehors. Les nerfs du cerveau et de la moelle se subdivisent, à leur racine, en nerfs sensibles et nerfs moteurs. Les nerfs sensibles reçoivent les nouvelles du dehors, nouvelles qui se rassemblent dans le foyer du cerveau et y sont élaborées en représentations, en représentations-motifs tout d’abord. Les nerfs moteurs sont comme des courriers qui rapportent au muscle le résultat de la fonction cérébrale ; ce résultat agit comme excitation sur le muscle dont l’irritabilité est le phénomène immédiat de la volonté. Selon toute présomption, les nerfs plastiques se subdivisent également, mais sur une échelle subordonnée, en nerfs sensitifs et nerfs moteurs.

Quant au rôle que les ganglions jouent dans l’organisme, nous pouvons nous le représenter comme un diminutif du rôle cérébral ; celui-ci servira à expliquer l’autre. Les ganglions sont situés partout où des fonctions organiques du système végétatif ont besoin d’une surveillance. Il semble que la volonté n’y puisse pas atteindre ses fins par son activité directe et simple, que cette action ait besoin d’être dirigée et contrôlée ; c’est ainsi qu’au cours d’une opération, notre réflexion ne nous étant plus d’un secours suffisant, nous sommes obligés de noter au fur et à mesure tout ce que nous faisons. À cette tâche suffisent, pour la partie interne de l’organisme, de simples nœuds nerveux, parce qu’ici tout se passe dans les limites mêmes de cet organisme. Mais pour la partie externe il fallait un appareil de même espèce très compliqué ; cet appareil, c’est le cerveau avec les nerfs sensitifs, ces antennes qu’il envoie dans le monde extérieur. Quant aux organes qui communiquent à ce grand centre nerveux, il s’y présente des cas très simples où l’affaire n’a pas besoin d’être portée devant l’autorité suprême ; une autorité subordonnée suffit pour prendre les dispositions nécessaires ; c’est un rôle subordonné de ce genre que joue la moelle épinière dans les mouvements réflexes, découverts par Marshal Hall, tels que l’éternuement, le bâillement, le vomissement, la deuxième partie de la déglutition, etc. La volonté elle-même est