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le monde comme volonté et comme représentation

les catégories de l’entendement et sur la possibilité de l’expérience dans la Logique transcendantale. Ainsi, toujours d’après la Critique de la raison pure, l’entendement, par ses catégories, apporte l’unité dans la multiplicité de l’intuition, et les concepts purs de l’entendement viennent s’appliquer a priori aux objets de l’intuition[1]. Les catégories sont « la condition de l’expérience, aussi bien de l’intuition que de la pensée qu’on y remarque[2] ».

L’entendement est l’auteur de l’expérience[3]. Les catégories déterminent l’intuition des objets[4]. Tout ce que nous nous représentons comme uni dans l’objet a été d’abord uni par une opération de l’entendement[5] ; or l’objet est à n’en pas douter quelque chose d’intuitif, tout à fait exempt d’abstraction. Plus loin[6], l’entendement est encore défini la faculté d’unir a priori et de grouper la multiplicité des représentations données sous l’unité de l’aperception ; or, d’après l’usage universel de la langue, l’aperception ne consiste pas à penser un concept : qui dit aperception dit intuition. À la page suivante[7] nous trouvons même un principe général établissant la possiblité pour toute intuition d’être élaborée par l’entendement. Plus loin[8] c’est une épigraphe qui nous déclare que toute intuition sensible est conditionnée par les catégories. Précisément au même endroit, il est dit que la fonction logique des jugements consiste à grouper la multiplicité des intuitions données sous une aperception unique ; la multiplicité d’une intuition donnée vient nécessairement se ranger sous les catégories. L’unité est introduite dans l’intuition par le moyen des catégories, grâce à l’entendement[9]. L’activité de l’entendement reçoit une définition étrange : c’est lui qui introduit dans la multiplicité de l’intuition la synthèse, l’union et l’ordre[10]. L’expérience n’est possible que grâce aux catégories et elle consiste dans la liaison que l’on met entre les perceptions<[11] ; or les perceptions ne sont à coup sûr pas autre chose que des intuitions. Les catégories sont les connaissances générales a priori que l’on peut avoir sur les objets de l’intuition[12]. — En cet endroit même et un peu plus loin[13], Kant expose cette idée importante que la nature n’est rendue possible

  1. P. 79 ; 5e éd., p. 105.
  2. P. 94 ; 5e éd., p. 126.
  3. 5e éd., p. 127.
  4. 5e éd., p. 128.
  5. 5e éd., p. 130.
  6. 5e éd., p. 135.
  7. 5e éd., p. 130.
  8. 5e éd., p. 143.
  9. 5e éd., p. 144.
  10. 5e éd., p. 145.
  11. 5e éd., p. 161.
  12. 5e éd., p. 159.
  13. 5e éd., p. 163.