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doctrine de la représentation abstraite

II. Sciences empiriques ou a posteriori.
Toutes fondées sur la raison du devenir, c’est-à-dire sur les trois modes de la loi de causalité.

1. Doctrine des causes ; a causes générales : mécanique, hydrodynamique, physique, chimie ; b causes particulières : astronomie, minéralogie, géologie, technologie, pharmacie.

2. Doctrines des excitations ; a générales : physiologie des plantes et des animaux, ainsi que l’anatomie, science auxiliaire de la précédente ; b particulières : botanique, zoologie, zootomie, physiologie comparée, pathologie, thérapeutique.

3. Doctrine des motifs ; a généraux : morale, psychologie ; b particuliers : droit, histoire.

La philosophie ou métaphysique, comme théorie de la conscience et de son contenu ou du tout de l’expérience en tant que telle, ne se place pas sur le même rang que les sciences précédentes, parce qu’elle ne se livre pas immédiatement à l’étude sous la direction du principe de raison, mais fait d’abord de ce principe même l’objet de ses recherches. Elle doit être considérée comme la base fondamentale de toutes les sciences, mais est d’essence supérieure à celles-ci et parente autant de l’art que de la science. — De même qu’en musique chaque période particulière doit répondre au ton où la base fondamentale est arrivée, ainsi tout écrivain, en proportion bien entendu de la nature de ses occupations, portera la marque de la philosophie de son temps. — De plus, chaque science a sa philosophie spéciale aussi parle-t-on d’une philosophie de la botanique, de la zoologie, de l’histoire, etc. Par ces expressions il ne faut entendre raisonnablement rien d’autre que les résultats principaux de chaque science, considérés du point de vue le plus haut, c’est-à-dire le plus général qui soit possible dans les limites de cette science même. Ces résultats généraux se rattachent immédiatement à la philosophie générale, car ils lui fournissent des données importantes et la dispensent de les rechercher dans les matériaux des sciences spéciales que la réflexion philosophique n’a pas élaborés. Les philosophies spéciales sont donc en quelque sorte des intermédiaires entre leurs sciences spéciales respectives et la philosophie proprement dite. Car comme celle-ci doit aboutir aux vues les plus générales sur l’ensemble des choses, de telles vues doivent pouvoir être appliquées aussi au détail de chacun des modes de cet ensemble. Cependant la philosophie de chaque science particulière naît indépendamment de la philosophie générale, à savoir des données propres de cette science aussi n’a-