Page:Schopenhauer - Le Monde comme volonté et comme représentation, Burdeau, tome 2, 1913.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
247
à propos de la théorie du syllogisme

Donnons aussi un exemple de syllogisme de la deuxième figure avec mineure affirmative :

Aucun Mahométan n’est Juif ;
Quelques Turcs sont Juifs
Donc quelques Turcs ne sont pas Mahométans.

Le principe directeur de cette figure me semble donc être, pour les modes à mineure négative : cui repugnat nota, etiam repugnat notatum ; et pour les modes à mineure affirmative : notato repugnat id cui nota repugnat. En français nous dirons : deux sujets, qui se trouvent en rapport opposés à un attribut, ont entre eux un rapport négatif.

Un troisième cas se présente, où les jugements sont coordonnés en vue de déterminer le rapport de leurs attributs ; c’est la troisième figure, où le moyen terme est sujet des deux prémisses. Ici encore il est le tertium comparationis, l’unité de mesure des deux concepts à examiner, ou, si l’on veut, le réactif chimique par lequel on les éprouve, pour déterminer, par le moyen du rapport qu’ils ont avec lui, la relation qui existe entre eux-mêmes : la conclusion, par conséquent, se prononce sur cette question : s’il y a entre eux un rapport de sujet à attribut, et jusqu’où il s’étend. C’est dire que dans cette figure la réflexion s’exerce sur deux qualités qu’on est tenté de tenir ou pour incompatibles, ou pour inséparables : afin de croire ce qui en est, on essaie d’en faire, dans deux jugements, les attributs d’un seul et même sujet. Il se présente alors cette double alternative : ou que les deux qualités conviennent au même objet, qu’elles sont par conséquent compatibles ; ou qu’un objet, tout en possédant l’une, ne possède pas l’autre, c’est-à-dire que les deux qualités sont séparables. La première alternative sera exprimée. Par les syllogismes de la troisième figure à deux prémisses affirmatives, la seconde par les syllogismes à une prémisse négative. Voici quelques exemples :

Quelques animaux peuvent parler ;
Tous les animaux sont des êtres sans raison ;
Donc quelques êtres sans raison peuvent parler.

D’après Kant (la Fausse subtilité, 84) ce syllogisme n’aboutit véritablement à une conclusion, que si nous ajoutons par la pensée « donc quelques êtres sans raison sont des animaux ». Cette addition me paraît tout à fait superflue, et elle ne répond pas à l’ordre naturel de notre pensée. — Pour réaliser directement le même processus de pensées par la première figure : je serais obligé de dire :