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d’y arriver par l’enseignement, se faisant privat docent à l’Université de Berlin[1] : il n’y avait alors d’auditeurs que pour Hegel et Schleiermacher. Schopenhauer sortit de ces deux tentatives sans avoir rien gagné pour son système, sinon de s’être fortifié dans son mépris contre l’humanité, et surtout contre les professeurs de philosophie. Il n’avait toutefois pas renoncé à son ambition. On le vit bien en 1839, quand on apprit qu’il n’avait pas dédaigné de concourir pour un prix offert par l’Académie de Drontheim (Norwège) : la question proposée était celle de la Liberté. Le mémoire de Schopenhauer fut couronné[2] : et ce fut là son premier pas vers la célébrité. L’année suivante, l’Académie des sciences de Copenhague ayant mis au concours : le fondement de la morale, Schopenhauer lui envoya le présent mémoire ; mais il n’eut pas le prix : on trouvera à la fin du volume l’arrêt de l’Académie. Schopenhauer en fut outré : avec cette souplesse propre aux vaniteux, pour qui une défaite n’est jamais l’occasion d’un retour sur eux-mêmes, il se fit gloire de son insuccès. Il réunit en 1841 les deux mémoires sous le titre : Les deux problèmes fondamentaux de l’Éthique (Die beiden Grundprobleme der Ethik). Le présent volume complète la traduction de cet ouvrage et forme ainsi une introduction, la plus naturelle peut-être, à la philosophie de Schopenhauer ; en général, dans un système, la morale est la partie la plus accessible à la fois et la plus essentielle : cela est bien plus vrai

  1. En 1825, il se fit porter sur les affiches de l’Université : toutefois il paraît qu’il ne monta pas en chaire cette année-là.
  2. C’est celui qui a été traduit sous le titre : Le libre arbitre, Germer-Baillière, 1878.