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i. de la connaissance

Ainsi se dévoilerait, imprévue, l’énorme pétition de principe : brusquement, le dernier membre de la chaîne se révélerait comme le point d’attache où le premier était déjà suspendu, et la chaîne elle-même comme un cercle ; et le matérialiste apparaîtrait semblable au baron de Münchhausen qui, nageant à cheval dans une rivière, soutient son cheval au-dessus de l’eau avec ses jambes et, ramenant en avant la queue de sa perruque, la tire en l’air pour s’y suspendre lui-même.


De l’intellect pur.

La manifestation première et la plus simple de l’intellect, celle qui ne fait jamais défaut, c’est la perception du monde réel ; elle consiste uniquement à reconnaître la cause à son effet ; c’est pourquoi toute perception est intellectuelle. L’intellect, cependant, n’atteindrait jamais à cette perception, s’il ne s’exerçait sur lui une action quelconque qu’il pût enregistrer et qui pût lui servir de point de départ. Cette action, c’est celle qui se produit sur le corps animal. Celui-ci est donc, en ce sens, l’objet immédiat du sujet ; il est l’intermédiaire de la perception de tous les autres objets. Les modifications que subit chaque corps animal sont immédiatement connues, c’est-à-dire res-