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la pensée de schopenhauer

des choses, ce ne pourrait être que pour notre malheur.

Si nous nous reportons maintenant à l’idée essentielle qui se dégage de l’ensemble de ma philosophie, à savoir que ce qui produit et perpétue le phénomène de l’Univers, c’est ce Vouloir qui vit et agit également dans chacun de nous ; et si nous rappelons d’autre part cette ressemblance qu’on s’accorde généralement à reconnaître entre le rêve et la vie réelle, il nous sera permis de résumer le sens général des observations qui précèdent dans l’hypothèse que voici : de même que chacun de nous est le régisseur caché de ses propres rêves, il se pourrait que cette fatalité, elle aussi, qui régit notre existence réelle, procédât finalement, en un sens quelconque, de ce Vouloir qui est notre Vouloir, mais qui prendrait ici la figure de la Destinée, parce qu’il exercerait son action des profondeurs d’une région située bien au delà de la conscience individuelle, siège de nos représentations, dont le rôle se réduit à fournir ses motifs à notre Vouloir personnel empiriquement connaissable, On s’expliquerait ainsi que ce dernier entrât souvent en lutte violente avec cet autre Vou-