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la pensée de schopenhauer

la conscience particulière à l’état de rêve. Et c’est là ce qui explique que les événements de nos rêves aient si souvent une issue tout à fait opposée à nos vœux, qu’ils puissent nous remplir de stupéfaction ou de tristesse, parfois même de terreur et de mortelle angoisse, sans que le destin, dont nous sommes pourtant seuls ici à tenir secrètement les fils, fasse quoi que ce soit pour nous secourir. Ainsi il nous arrivera de questionner avidement quelqu’un et d’en recevoir une réponse qui nous plonge dans l’étonnement, ou encore d’être nous-mêmes interrogés, comme on l’est par exemple dans un examen, et d’être incapables de répondre, alors qu’à notre grande honte un autre interlocuteur interviendra qui saura parfaitement donner cette réponse juste que nous ne pouvions pas trouver. Et pourtant, dans un cas comme dans l’autre, la réponse n’a pas pu venir de personne d’autre que de nous-mêmes.

Dès lors, ne se pourrait-il pas qu’il se produisit dans notre vie réelle, je veux dire dans cette adaptation des événements à un plan calculé que chacun de nous a peut-être pu constater au cours de sa propre existence, quelque chose d’analogue à ce qui se passe dans nos rêves ? Il nous arrive souvent de former