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la pensée de schopenhauer

qu’on nous ramène, pour que nous acquérions la vue simple et directe d’une situation. De plus les femmes sont sans contredit beaucoup plus positives que nous, en ce sens qu’elles ne voient pas dans les choses plus que celles-ci ne contiennent réellement ; tandis qu’il nous arrive souvent, pour peu que nos passions soient excitées, de grossir les faits ou d’y ajouter des éléments imaginaires.

Les mêmes dispositions originelles expliquent aussi que les femmes soient plus que les hommes accessibles à la pitié, et qu’elles fassent preuve de plus d’intérêt et de charité pour les malheureux, tandis qu’elles sont en revanche très inférieures aux hommes sous le rapport de la justice, de la probité et de la délicatesse de conscience. C’est que, par suite de leur faible raison, tout ce qui est actuel, sensible, immédiatement réel exerce sur elles un empire contre lequel ne sauraient guère prévaloir les idées abstraites ou les principes établis, ni en général aucune considération du passé on de l’avenir, de tout ce qui est éloigné ou absent.

On comprend ainsi que l’injustice soit le vice fondamental de la nature féminine. S’il est dû avant tout à ce manque de raison et de réflexion que nous avons relevé, il s’aggrave encore du fait que la nature,