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v. morale et religion

passent en somme dans le domaine moral comme dans le domaine physiologique, où nous voyons par exemple la vésicule biliaire jouer dans l’organisme le rôle d’un réservoir nécessaire pour recueillir et retenir les sécrétions du foie. En l’absence de principes fixes, nous serions livrés en proie à nos instincts anti-moraux, sans résistance possible, toutes les fois qu’ils sont violemment excités par une cause extérieure. Persévérer dans ses principes et s’y conformer en dépit des motifs qui agissent sur nous en sens contraire, c’est ce qu’on appelle être maître de soi.


Portée métaphysique de l’acte moral.

Cette conception des rapports de notre propre moi avec le moi d’autrui, qui est le principe de la bonté, serait-elle peut-être — on peut se le demander — une conception erronée ? Reposerait-elle sur une illusion ? Ou est-ce au contraire le cas de la conception opposée, qui est le fondement de l’égoïsme et de la méchanceté ?

S’il est vrai que toute multiplicité et toute différenciation n’appartiennent qu’au phénomène et que ce soit un seul et même être qui se manifeste dans tout ce qui vit, ce n’est point s’abuser que de voir