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la pensée de schopenhauer

lement après coup pour faire la lumière sur cette œuvre. C’est pourquoi l’homme ne saurait ni décider d’être ceci ou cela, ni devenir autre qu’il n’est ; mais il est une fois pour toutes et il reconnaît par des expériences successives ce qu’il est. Selon l’ancienne conception il veut ce dont il a pris connaissance ; selon moi il acquiert la connaissance de ce qu’il veut.

Parce qu’il est doué de la faculté de penser, l’homme est en mesure de se représenter tour à tour dans un ordre quelconque, et en réitérant à son gré cette opération, pour les proposer à l’assentiment de son Vouloir, les divers motifs dont il sent qu’ils agissent sur lui. C’est ce qu’on appelle délibérer. L’homme jouit donc d’une faculté de délibération, et par là même d’une possibilité de choix, infiniment plus considérable que l’animal. En ce sens, il est sans contredit relativement libre, c’est-à-dire qu’il peut s’affranchir de la contrainte immédiate des objets concrets, actuellement donnés, qui sont susceptibles d’agir comme motifs sur son Vouloir. Alors que l’animal est entièrement soumis à cette contrainte, l’homme, lui, est déterminé, indépendamment des objets présents, par des idées qui constituent ses motifs. En fait, c’est cette liberté relative que des