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iv. de la vie et de la mort

est conscient d’une chose : c’est qu’il veut vivre, c’est qu’il veut être, et il apporte dans le coït l’expression suprême de ce Vouloir. C’est là tout ce qui se passe dans sa conscience. Il n’en faut pas plus, d’ailleurs, pour assurer la survivance des êtres, parce que ce Vouloir est précisément l’élément radical de la nature, tandis que la connaissance n’en est qu’un élément adventice. C’est bien pourquoi aussi il n’est pas indispensable au Vouloir d’être toujours guidé par la connaissance ; il suffit qu’il se soit décidé dans son essence originelle pour que cette impulsion s’objective aussitôt dans le monde des représentations. Supposons que l’être qui veut ainsi la vie soit l’animal d’espèce et de forme déterminée que nous avons imaginé dans son rut : cet animal ne veut pas seulement la vie en général ; il la veut précisément sous cette forme que nous lui voyons. Aussi est-ce la vue de cette forme sous les espèces d’une femelle de sa race qui provoque l’animal à l’acte de la génération. Considéré du dehors et sous l’angle du temps, ce Vouloir qui est le sien se présente ainsi sous l’aspect d’un type animal déterminé, indéfiniment maintenu par la substitution incessamment répétée d’un individu à un autre, c’est-à-dire par