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la pensée de schopenhauer

vue de cette connaissance, l’individu, surgissant du néant, reçoit la vie comme un don, que la mort vient ensuite lui reprendre, et il retourne au néant. Mais la naissance et la mort rentrent précisément dans les manifestations du Vouloir, c’est-à-dire qu’elles font partie intégrante de la vie ; et la nature même de cette vie veut qu’elle figure en des individus qui apparaissent et disparaissent, manifestations transitoires, sous la forme du temps, de cela qui, en soi, ne con- naît point de temps, mais qui, pour objectiver son être, doit se manifester sous cette forme. La naissance et la mort appartiennent à la vie au même titre ; elles se font contrepoids comme deux conditions qui s’impliquent l’une l’autre, ou, si l’on préfère, comme les deux pôles du phénomène vital dans son ensemble.

Le processus de la nutrition est une perpétuelle génération ; le processus de la génération est une nutrition élevée à une plus haute puissance ; la volupté de l’acte sexuel est l’apogée du sentiment de vie. D’autre part, entre le travail par lequel notre corps rejette incessamment, sous forme d’exhalaisons et de sécrétions, la matière dont il est composé, et le phénomène de la mort — l’opposé de la généra-