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iv. de la vie et de la mort
IV. DE LA VIE ET DE LA MORT.
Sur la vie et le Vouloir-vivre.

Ce que le Vouloir veut, c’est toujours la vie, parce que la vie n’est précisément rien d’autre que ce Vouloir même, figuré pour la représentation. Il est donc indifférent de dire « Vouloir-vivre » — ce n’est là qu’un pléonasme — ou « Vouloir » tout court.

Comme le Vouloir est la « chose en soi », la substance foncière et l’essence du monde, tandis que la vie, le monde visible, le monde des phénomènes n’est que le miroir de ce Vouloir, la vie doit accompagner le Vouloir comme l’ombre accompagne le corps qui la projette : là où il y a Vouloir, il y a aussi vie, et l’Univers est là. La vie est donc assurée au Vouloir-vivre ; aussi longtemps que le Vouloir-vivre nous emplit, nous n’avons pas à craindre pour notre existence, fût-ce en présence de la mort. Nous voyons bien l’individu naître et disparaître ; mais l’individu n’est que phénomène ; il n’est là que pour la connaissance prisonnière du principe de raison, qui est le principe d’individuation. Sans doute, du point de