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ii. de la nature
De l’instinct chez les animaux.

Au philosophe qui considère la finalité dans l’action de la nature et l’adaptation merveilleuse, qui en est la conséquence, de ses produits organiques à leur but, il semble que la nature ait voulu fournir elle-même un commentaire explicatif dans les instincts industrieux des animaux. Car nous trouvons là des faits qui montrent très clairement que des êtres peuvent travailler avec la plus grande décision et la plus grande précision en vue d’un but qu’ils ne connaissent pas, et dont ils n’ont même aucune représentation. Tel est, en effet, le nid de l’oiseau, ou la toile de l’araignée, ou la fosse du fourmi-lion, ou le rayon si ingénieusement agencé de l’abeille, ou le merveilleux édifice construit par le termite, etc., dans lesquels — tout au moins pour les individus qui y travaillent pour la première fois — ni la configuration de l’ouvrage à exécuter, ni son utilité ne peuvent être connues par avance. Or c’est précisément ainsi qu’agit la nature créatrice d’organismes, ce qui m’a permis d’expliquer ailleurs la cause finale, d’une façon évidemment paradoxale, en disant qu’elle est un motif qui agit sans être perçu. Et de même que c’est le Vouloir qui est à l’œuvre — on n’hésite pas à l’admettre, parce que la chose est évidente — dans