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la pensée de schopenhauer

peu que nous nous plongions dans la contemplation de son type, il nous semble finalement que ce type soit Je seul vrai, voire même le seul possible, et qu’il ne puisse exister aucune autre forme de la vie, sinon précisément celle-là. Là est la raison profonde de l’emploi du mot « naturel », quand nous voulons désigner par là une chose qui se comprend d’elle-même et qui ne saurait être autrement qu’elle n’est.

Mais si nous voulons comprendre l’action de la nature, nous n’y devons point tâcher en la comparant à nos propres œuvres. L’essence véritable de toute forme animale est un acte du Vouloir qui est situé hors de la représentation, donc hors des formes de celle-ci, l’espace et le temps, et qui ne connaît par là-même ni juxtaposition ni succession, parce qu’il constitue une unité indivisible. Or, sitôt qu’elle est perçue par notre cerveau, ou même, comme il arrive, décomposée dans sa structure interne par le scalpel de l’anatomiste, cette forme animale étale à la lumière de la connaissance quelque chose qui, en soi et originairement, est étranger à cette connaissance et à ses lois, mais qui, dès ce moment, doit aussi se présenter dans les cadres et conformément aux lois de cette même connaissance. L’unité, l’indivisibilité originelle de cet acte du Vou-