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ii. de la nature
Le Vouloir, essence du monde.

Ayant trouvé dans le témoignage immédiat de notre propre être, qui seul pouvait nous le fournir, le moyen de comprendre ce qui fait l’essence propre des choses, nous devons l’appliquer également à ces phénomènes du monde inorganique, qui de tous les phénomènes sont les plus éloignés de nous. Si nous les scrutons d’un regard attentif, si, par exemple, nous observons l’impulsion irrésistible qui entraîne les eaux vers la profondeur, la persistance de l’aiguille aimantée à se tourner toujours à nouveau vers le pôle nord, l’ardeur du fer à rejoindre l’aimant, la violence avec laquelle les deux électricités contraires tendent à se réunir et qui, exactement comme celle des désirs humains, s’accroît en proportion des obstacles qu’elle rencontre ; ou si nous considérons la formation rapide et subite du cristal, avec son absolue régularité de structure, qui n’est évidemment que la fixation sous forme rigide d’une tendance parfaitement déterminée et rigoureusement précise de la matière à occuper différents points ; ou encore, si nous remarquons les préférences ou les répugnances exclusives selon lesquelles les corps, une fois mis en liberté et affranchis par l’état liquide des liens de