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ii. de la nature

nées appartiennent encore au domaine de la pure représentation, mais où intervient déjà néanmoins un élément empirique, qui altère cette complète intelligibilité, cette parfaite transparence, et avec lequel l’inexplicable apparaît. Dans la physique et la chimie, il n’y a déjà plus — pour cette raison même — que quelques parties qui soient susceptibles d’être traitées par les mathématiques ; et en nous élevant plus haut encore, avec les autres sciences, dans la série des êtres, cette possibilité disparaît tout à fait ; parce que, précisément, le contenu du phénomène l’emporte désormais sur sa forme. Ce contenu, c’est le Vouloir, l’a posteriori, la « chose en soi », l’être libre, ce qui est sans raison. Sous la rubrique « Physiologie des plantes », j’ai montré comment chez les êtres vivants et connaissants, à mesure qu’on s’élève dans leur hiérarchie, le motif et l’acte volontaire, la représentation et le Vouloir, deviennent toujours plus distincts l’un de l’autre, divergent toujours davantage. On observe une règle exactement correspondante dans le monde inorganique : avec la complexité croissante des phénomènes, la cause y apparaît toujours plus séparée de son effet, cependant que, dans la même proportion, l’élément purement empirique, qui est précisément la manifestation du Vouloir, s’y montre plus distinc-