Page:Schopenhauer - La Pensée, 1918, trad. Pierre Godet.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
II. DE LA NATURE.
Sur la recherche de la « chose en soi ». Le Vouloir.

Savoir que nous avons des représentations, qu’elles sont de telle ou telle sorte, qu’elles se commandent les unes les autres en vertu de telles ou telles lois, qui toujours se ramènent à la formule générale du principe de raison, cela ne nous suffit pas ; c’est pourquoi nous éprouvons le besoin de pousser plus loin nos investigations. Nous voulons connaître le sens de ces représentations ; c’est-à-dire que nous nous demandons si ce monde n’est rien d’autre que représentation — auquel cas il se réduirait à un rêve sans consistance, à une série de formes fictives défilant sous nos yeux comme des fantômes, et ne mériterait pas de retenir plus longtemps notre attention — ou si, au contraire, il est encore quelque chose de plus, et, dans ce cas, en quoi ce quelque chose consiste. Ce dont on peut être sûr d’avance, c’est que la réalité cherchée devra être par essence quelque chose de totalement différent de la représentation, que les formes et les lois de cette dernière lui seront donc aussi complètement étrangères, qu’on ne saurait par