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sibles, son affinité avec l’excitation et la causation en général devient encore plus apparente par ce fait que le motif, en tant que cause active, doit être quelque chose de réel et de présent, et même exercer encore sur les sens, par la lumière, le son, ou par rôdeur, une action qui, bien que médiate, reste toujours cependant une action physique. En outre, pour l’observateur, la cause est ici aussi apparente que l’effet : il voit le motif entrer en jeu et l’action de l’animal en être l’inévitable conséquence, aussi longtemps qu’aucun autre motif non moins frappant, ou l’effet du dressage, n’influe en sens contraire. Il est impossible de mettre en doute le lien qui les rattache. C’est pourquoi il n’entrera même dans l’esprit de personne de prêter aux animaux une liberté d’indifférence, c’est-à-dire de leur attribuer des actes qui ne soient déterminés par aucune cause.

Mais dès que la faculté cognitive devient le privilège d’un être raisonnable, dès qu’elle devient capable de s’étendre aux objets non sensibles, de s’élever à des notions abstraites et à des idées, alors les motifs deviennent tout à fait indépendants du moment présent et des objets immédiatement contigus ; ils restent par suite cachés à l’observateur. Car ce ne sont plus que de simples idées, que l’homme porte avec lui dans sa tête, dont l’origine est toujours cependant dans la réa-