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effet. L’instrument de cette transformation, nous le désignons par un terminus ad hoc : la volonté. Que d’autre part, ici comme ailleurs, comme dans le cas le plus simple de l’excitation, la causalité n’a rien perdu de son pouvoir nécessitant, c’est ce que nous prononçons d’une façon décisive aussitôt que nous reconnaissons l’existence d’un rapport de causalité entre l’effet et la cause, et que nous pensons ces deux phénomènes par rapport à cette forme essentielle de notre entendement. En outre, nous trouvons que la motivation est essentiellement analogue aux deux autres formes de la causalité examinées plus haut, et qu’elle n’est que le degré le plus élevé auquel celles-ci atteignent dans leur évolution progressive. Au plus bas degré de l’échelle animale, le motif est encore très-voisin de la simple excitation : les zoophytes, les radiaires en général, les acéphales parmi les mollusques, n’ont qu’un faible crépuscule de connaissance, juste ce qu’il en faut pour apercevoir leur nourriture ou leur proie, pour l’attirer vers eux, quand elle se présente, ou même, en cas de nécessité, pour changer leur séjour contre un plus favorable. Aussi, dans ces êtres inférieurs, l’action du motif nous semble-t-elle encore aussi claire, aussi immédiate, aussi apparente, que celle de l’excitation. Les petits insectes sont attirés par l’éclat de la lumière jusque dans la flamme : la mouche vient