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la volonté devant la perception extérieure

Que l’on examine, pour s’en convaincre, le rapport entre l’effet et la cause à différents degrés d’intensité, par exemple, entre la chaleur en tant que cause et ses divers effets, tels que la dilatation, l’ignition, la fusion, l’évaporation, la combustion, la thermo-électricité, etc., — ou entre l’évaporation en tant que cause, et le refroidissement, la cristallisation, qui en sont les effets : ou entre le frottement du verre, envisagé comme cause, et le développement de l’électricité libre avec ses singuliers phénomènes ; ou bien entre l’oxydation lente des plaques, et le galvanisme, avec tous les phénomènes électriques, chimiques, et magnétiques qui s’y rattachent. Donc la cause et l’effet se différencient de plus en plus, deviennent de plus en plus hétérogènes, leur lien devient plus difficile à saisir, l’effet semble renfermer plus que la cause, parce que celle-ci paraît de moins en moins palpable et matérielle. Toutes ces différences se manifestent plus clairement encore quand nous passons au règne organique, où ce ne sont plus que de simples excitations, — tantôt extérieures comme celles de la lumière, de la chaleur, de l’air, du sol, de la nourriture ; tantôt intérieures, comme l’action des sucs et l’action réciproque des organes — qui agissent comme causer, tandis que la vie, dans sa complication infinie et ses variétés d’aspect innombrables, se présente comme l’effet