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essai sur le libre arbitre

L’homme est capable de délibération, et, en vertu de cette faculté, il a, entre divers actes possibles, un choix beaucoup plus étendu que l’animal. Il y a déjà là pour lui une liberté relative, car il devient indépendant de la contrainte immédiate des objets présents, à l’action desquels la volonté dé l’animal est absolument soumise. L’homme, au contraire, se déterminé indépendamment des objets présents, d’après des idées, qui sont ses motifs à lui. Cette liberté relative n’est en réalité pas autre chose que le libre arbitre tel que l’entendent des personnes instruites, mais peu habituées à aller au fond des choses : elles reconnaissent avec raison dans cette faculté un privilège exclusif de l’homme sur les animaux. Mais cette liberté n’est pourtant que relative, parce qu’elle nous soustrait à la contrainte des objets présents, et comparative, en ce qu’elle nous rend supérieurs aux animaux[1].


    la substance dernière qui nous constitue, un substratum de nos facultés, auquel Schopenhauer se voit malgré lui obligé d’accorder la liberté ? Ce serait le cas de rappeler les paroles d’un profond philosophe que nous avons plus d’une fois cité dans ces notes : « Le nécessaire ne saurait être primitif… le libre peut seul offrir ce caractère. Le principe des choses ne peut pas être une nécessité de quelque genre qu’elle soit, mais une liberté, parce que la liberté seule est infime et absolue. »

  1. C’est cette liberté relative que revendique seule l’auteur des lignes suivantes, auxquelles a souscrit M. Ravaisson : « De ce que la volonté dépend toujours des motifs qui la déterminent, faut-il conclure que la volonté n’est pas libre ? Non ; car ces motifs qui me déterminent