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la volonté devant la perception extérieure

vivant uniquement renfermés dans le moment présent. Les mobiles par lesquels leur volonté est influencée doivent par suite être toujours présents et sensibles. Il en résulte que leur choix ne peut être que fort limité, car il ne peut s’exercer qu’entre les objets accessibles à l’instant même à leur vue bornée et à leur pouvoir représentatif étroit, c’est-à-dire contigus dans l’espace et dans le temps. De ces objets, celui qui est le plus fort en tant que motif détermine aussitôt leur volonté : chez eux, par conséquent, la causalité directe du motif se révèle d’une façon très-manifeste. Le dressage, qui n’est qu’une crainte opérant par l’intermédiaire de l’habitude, constitue une exception apparente à ce qui précède ; les actes instinctifs en sont une autre, véritable sous certains rapports ; car l’animal, en vertu de l’instinct qui est en lui, est mû, dans l’ensemble de ses actions, non pas, à proprement parler, par des motifs, mais par une impulsion et une puissance intérieures. Cette impulsion cependant, dans le détail des actions individuelles et pour chaque moment déterminé, est dirigée d’une façon précise par des motifs, ce qui nous permet de rentrer dans la donnée générale. L’examen plus approfondi de la théorie de l’instinct m’entraînerait ici trop loin de mon sujet : le 27e chapitre du second volume de mon ouvrage principal y est consacré. — L’homme, par contre, grâce à sa capacité de former