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essai sur le libre arbitre

a été seulement perçu, il agit d’une façon tout à fait constante ; — à supposer toutefois qu’il puisse être un principe de détermination pour la volonté individuelle qu’il s’agit d’émouvoir. Sous ce rapport, d’ailleurs, il en est de même des causes physiques et chimiques, parmi lesquelles on range toutes les excitations, et qui ne produisent leur effet que si le corps à affecter présente à leur action une réceptivité propice. Je disais tout à l’heure : « de la volonté qu’il s’agit d’émouvoir, » car, comme je l’ai déjà indiqué, ce qui est désigné ici sous le nom de volonté, force immédiatement et intérieurement présente à la conscience des êtres animés, est cela même qui, à proprement parler, communique au motif la force d’action, et le ressort caché du mouvement qu’il sollicite. Dans les corps qui se meuvent exclusivement sous l’influence de l’excitation, les végétaux, nous appelons cette condition intérieure et permanente d’activité, la force vitale — dans les corps qui ne se meuvent que sous l’influence de motifs (dans le sens le plus étroit du mot), nous l’appelons force naturelle, ou l’ensemble de leurs qualités[1]. Cette énergie intérieure doit toujours être posée d’avance, et antérieurement à toute explication (des phénomènes),

  1. « Qualitaet. » On traduirait plus exactement ce mot par le terme scolastique de quiddité (ποιότης) correspondant au τὸ τι ἦν εἶναι d’Aristote, qu’on a nommé plus tard la forme substantielle. (V. Aristote, Métaph, VII, 6.)