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essai sur le libre arbitre

ces mouvements d’un ordre supérieur que l’animal accomplit en tant qu’animal, et qui pour cette raison dépendent de ce que la physiologie désigne sous le nom de fonctions animales, se produisent à la suite de la perception d’un objet, par conséquent sous l’influence de motifs. On comprendra donc sous l’appellation d’animaux tous les êtres dont les mouvements et modifications caractéristiques et conformes à leur nature, s’accomplissent sous l’impulsion des motifs, c’est-à-dire de certaines représentations présentes à leur entendement, dont l’existence est déjà présupposée par elles. Quelques innombrables degrés de perfection que présentent dans la série animale la puissance de la faculté représentative, et le développement de l’intelligence, chaque animal en possède pourtant une quantité suffisante pour que les objets extérieurs puissent agir sur lui, et provoquer ses mouvements, en tant que motifs[1]. C’est cette force motrice intérieure, dont chaque manifestation individuelle est provoquée par un motif, que la conscience perçoit intérieurement, et que nous désignons sous le nom de volonté.

  1. C’est-à-dire en tant que causes finales de ces mouvements. Il y a là un point qu’il ne faut pas perdre de vue : l’action des motifs sur la volonté est toujours l’action de la volonté vers les motifs, et les déterministes seraient peut-être embarrassés d’expliquer pourquoi un cet est absolument nécessité par cela seul qu’il a un but.