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essai sur le libre arbitre

l’animalité : au haut terme de cette progression nous trouvons l’homme — nous-mêmes.

Envisageons à présent, sans nous laisser égarer par cette diversité infinie, l’ensemble de toutes les créatures en tant qu’objets réels de l’expérience externe, et essayons d’appliquer notre principe général de causalité aux modifications de toute espèce dont de pareils êtres peuvent être l’objet. Nous trouverons alors que sans doute l’expérience vérifie partout la loi certaine, à priori, que nous avons posée ; mais en même temps, qu’à la grande différence signalée plus haut entre la nature des objets de l’expérience, correspond aussi une certaine variété dans la manière dont la causalité s’exerce, lorsqu’elle régit les changements divers dont les trois règnes sont le théâtre. Je m’explique. Le principe de causalité, qui régit toutes les modifications des êtres, se présente sous trois aspects, correspondants à la triple division des corps en corps inorganiques, en plantes, et en animaux ; à savoir : 1° La Causation, dans le sens le plus étroit du mot ; 2° l’Excitation (Reiz) ; 3° enfin la Motivation. Il est bien entendu que sous ces trois formes différentes, le principe de causalité conserve sa valeur à priori, et que la nécessité de la liaison causale subsiste dans toute sa rigueur.

1° La causation, entendue dans le sens le plus étroit du mot, est la loi selon laquelle se pro-