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la volonté devant la perception extérieure

tement comme des effets les affections et les modifications survenues dans les organes de nos sens[1]. Aussitôt la sensation éprouvée, sans qu’il soit besoin d’aucune éducation ni d’aucune expérience préalable, nous passons immédiatement de ces modifications à leurs causes, lesquelles, par l’effet même de cette opération de l'intelligence, se présentent alors à nous comme des objets situés dans l’espace. Il suit de là incontestablement que le principe de causalité nous est connu à priori, c’est-à-dire comme un principe nécessaire relativement à la possibilité de toute expérience en général ; et il n’est pas besoin, à ce qu’il semble, de la preuve indirecte, pénible, je dirai même insuffisante, que Kant a donnée de cette importante vérité. Le principe de causalité est établi solidement à priori, comme la règle générale à laquelle sont soumis sans exception tous les objets réels du monde extérieur. Le caractère absolu de ce principe est une conséquence même de son apriorité. Il se rapporte essentiellement et exclusivement aux modifications phénoménales ; lorsqu’on quelque endroit ou en quelque moment, dans le monde objectif, réel et matériel, une chose quelconque, grande ou petite, éprouve une

  1. On trouvera le développement de cette théorie dans la Dissertation sur le Principe de Raison Suffisante, § 21 de la 2e édition. (Note de Schopenhauer).