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essai sur le libre arbitre

preinte de scolaslique, me semblerait l’expression la plus courte et la plus exacte de cette conclusion : « Le témoignage de la conscience ne se rapporte à la volonté qu’a parte post : la question du libre arbitre au contraire a parte ante. » Donc, cette déclaration indéniable de la conscience : « Je peux faire ce que je veux », ne renferme ni ne décide rien du tout touchant le libre arbitre, car celui-ci consisterait en ce que chaque volition individuelle, dans chaque cas particulier (le caractère du sujet étant complètement donné), ne fût pas déterminée d’une façon nécessaire par les circonstances extérieures au milieu desquelles l’homme en question se trouve, mais pût s’incliner finalement soit d’un côté, soit de l’autre. Or, sur ce point, la conscience est absolument muette : car le problème est tout à fait en dehors de son domaine, puisqu’il roule sur le rapport de causalité qui existe entre l’homme et le monde extérieur. Si l’on demande à un homme de bon sens, mais dénué d’éducation philosophique, en quoi consiste véritablement ce libre arbitre qu’il affirme avec tant de confiance sur l’autorité de sa conscience, il répondra : « Il consiste en ce que je peux faire ce que je veux, aussitôt que je ne suis pas empêché par un obstacle physique. » C’est donc toujours le rapport entre ses actions et ses volitions dont il parle. Mais cette absence d’obstacles matériels ne