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essai sur le libre arbitre

conque, les membres de mon corps qui sont capables de mouvement (placés dans la sphère du mouvement volontaire) l’accompliront à l’instant même, d’une façon tout à fait immanquable. » Cela veut dire en peu de mots : « Je puis faire ce que je veux ! » La déclaration de la conscience immédiate n’a pas une plus grande portée, de quelque manière qu’on puisse la contourner et sous quelque forme que l’on veuille poser la question. Elle se réfère donc toujours au « Pouvoir d’agir conformément à la volonté ; » mais n’est-ce pas là cette idée empirique, originelle et populaire de la liberté, telle que nous l’avons établie dès le commencement, d’après laquelle le mot libre veut dire : « conforme à la volonté ? » C’est cette liberté, et celle-là seule, que la conscience affirmera catégoriquement[1] Mais ce n’est pas celle que nous cherchons à démontrer. La conscience proclame la liberté des actes, avec la présupposition de la liberté des volitions : mais c’est la liberté des volitions qui a seule été mise en question. Car nous étudions ici le rapport entre la volonté même et les motifs : or sur ce point l’affirmation : « je peux faire ce que je veux, » ne fournit aucun renseignement. La dépendance où sont nos actes, c’est-à-dire

  1. La page qu’on vient de lire est d’une extrême importance : elle est la base et en même temps le résumé de toute la première partie de l’ouvrage.