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essai sur le libre arbitre

telles. » (Leibniz, De libertate, Opéra, Ed. Erdmann, p. 669.) Ceci me donne l’occasion de faire observer qu’une pareille voie, cherchant un milieu entre les deux termes de l’alternative posée plus haut, n’est pas tenable, et qu’on ne peut pas dire, comme quelques-uns, en se retranchant à plaisir derrière une indécision hésitante, que les motifs ne déterminent la volonté qu’en une certaine mesure, qu’elle subit leur influence, mais seulement jusqu’à un certain point, et qu’à un moment donné elle a le pouvoir de s’y soustraire. Car aussitôt que nous avons accordé à une force donnée l’attribut de la causalité, et reconnu par conséquent qu’elle est une force active, cette force n’a besoin, dans l’hypothèse d’une résistance, que d’un surcroît d’intensité, dans la mesure de cette résistance même, pour pouvoir achever son effet. Celui qui hésite encore et ne peut pas être corrompu par l’offre de 10 ducats, le sera assurément si on lui en propose 400, et ainsi de suite…

Considérons donc maintenant, en vue de la solution que nous cherchons, la conscience immédiate entendue dans le sens établi plus haut. Quelle clef cette faculté peut-elle nous fournir pour la solution de cette question abstraite, à savoir l’applicabilité, ou la non-applicabilité du concept de la nécessité à la production de la volition, en présence d’un motif donné, c’est-à-dire connu et